SEUL AU MONDE

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On peut faire un grand film et entrer dans le livre des records pour le plus long placement de produit de l’histoire du cinéma. C’est ce qu’a fait Robert Zemeckis avec Seul au monde - Cast away pour le titre original qui signifie « naufragé », un film sorti en 2000.

Tom Hanks joue en effet un pilote de la compagnie Federal Express la célèbre société de messagerie, (la société est encore mentionnée dans cette chronique, c’est diabolique). Et voilà que le commandant de bord crashe son avion et doit survivre dans une île déserte.

Ce Robinson Crusoé des temps modernes raconte le consumérisme et l’état de nature, dans une superproduction paradoxalement minimaliste. Boire, se nourrir, se couvrir, faire du feu, et tout ça sans internet, j’aimerais bien vous y voir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DUEL DANS LE PACIFIQUE DE JOHN BOORMAN (1968) (Ils sont deux sur l'île déserte, deux ennemis naufragés: l'américain, le japonais. Ils vont se faire une guerre froide avant de s'allier pour échapper à la mort. Une fable pacifiste autant qu'un film d'aventure avec deux stars: Lee Marvin et Toshiro Mifune, le tout sous l'oeil d'un grand cinéaste: John Boorman.) ou encore LE SAUVAGE DE JEAN-PAUL RAPPENEAU (1975) (Yves Montand loin des folies du monde des affaires et de la vie moderne s'est réfugié dans une île, pour donner libre cours à sa passion: inventer des parfums. Mais bien sûr ce moderne Robinson va bientôt être dérangé par une la folie amoureuse d'une femme d'aujourd'hui. On ne reste pas naufragé de l'amour.).

La gageure était belle. Un film quasiment sans musique, avec un homme seul et pour seul compagnon un ballon de volley nommé Wilson. On comprend que Robinson regrette Helen Hunt. Tout cela pour 90 millions de dollars. L’épreuve fut d’abord pour le scénariste William Broyles, celui d’Appolo 13. Il joua pour de bon les naufragés et comprit que l’affaire serait spirituelle autant que physique. Après c’est Tom Hanks qui fit son stage de survie, pêchant la raie et dormant dans une cabane de bambou tout cela bien avant le tournage.

Là-dessus il fallut mettre en boite la partie civilisée. Hanks s’était laissé grossir et put jouer les hipsters, commandant de bord. Puis on arrêta un an, le temps pour Zemeckis de tourner un autre film: Apparences avec Harrison Ford et Michelle Pfeiffer. Enfin l’on revint à Seul au monde. Entretemps Hanks avait perdu 23 kilos et avait une barbe de père Noël. On embarqua toute l’équipe dans un ilot paumé des Fidji. La fameuse compagnie dont le nom ne sera plus cité, assura la logistique mais ne paya pas un centime comme elle n’avait eu aucun droit de regard sur le script. Sur place, Hanks se blessa à la jambe, subit une infection et le tournage fut suspendu pendant trois semaines, le temps de soigner la star. Finalement tout le monde revint de l’aventure sain et sauf. A l’arrivée le naufragé est seul à l’écran 1h43 pour un film qui dure 2h23.

Seul au monde multiplie les allusions à la vanité du monde consumériste et aux signes que le destin adresse. C’est assez conforme à la carrière paradoxale de Zemeckis qui s’est intéressé au temps, à la quête d’idéal, et au cinéma comme monde alternatif. Que ce soit avec la trilogie Retour vers le futur, Forrest Gump avec déjà Tom Hanks, ou Contact. Le film a fait quelques petits, notamment la série Lost qui connut un énorme succès. Seul au monde certes, mais certes pas oublié.

Seul au monde se divise en 3 parties distinctes: -La premiére n'est qu'une présentation de Chuck Noland. Homme gros, obnubilé par son boulot et faisant passer ce dernier avant toutes choses et en particulier sa fiancée. On ne sait pas trop si c'est par passion ou par contrainte ...

Pour une fois, le réalisateur n'est pas trop pressé d'engranger rapidement les fruits de son travail. On y va piano piano ! Et c'est très bien comme ça, c'est vrai quoi Tom est tout seul, naufragé, avec ses pauvres réflexes de citoyen lambda : comme vous, qui êtes scotché ...

Avant de se concentrer pendant un moment à la promotion de la motion capture, avec plus ou moins de réussite, Robert Zemeckis achevait le vingtième siècle avec cette relecture de "Robinson Crusoe", tout en prenant le temps de tourner le thriller surnaturel "Apparences", le ...