SEULS SUR TERRE

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Réalisé par Reed Morano, une des cinéastes de la sérié dystopique La servante écarlate, Seuls sur la Terre joue sur nos attentes pour mieux les déjouer, et ce avec une grande finesse. En effet, comment le héros va-t-il pouvoir survivre dans un monde décimé ? Or, dès les premières scènes, nous comprenons très vite, sans qu'aucune parole ne soit encore prononcée, que cet homme s'en sort plutôt bien. Sa solitude ne semble guère le déranger, au contraire. Il est tout à son ouvrage, visiter et nettoyer les maisons.

Méthodique et rigoureux, ce rituel semble le maintenir en vie, et il sait parfois apprécier un bon verre de vin rouge lorsque la nuit tombe. Interprété avec une belle sobriété par l'acteur Peter Dinklage, le film adopte un ton presque documentaire dans sa veine réaliste.

Mais la machine est grippée par l'irruption soudaine de la jeune Elle Fanning. Une arrivée qui se fait en deux temps : tout d'abord par un magnifique feu d'artifices absolument incongru, suivi le lendemain par la découverte du corps inanimé d'une jeune fille blonde échouée dans une voiture accidentée. 
Là se niche l'étrangeté car c'est bien elle qui suscite la fiction et le trouble bien plus que les raisons de la disparition de la population qui passerait presque au second plan....

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE ROAD (Pour le caractère poignant et la sobriété que ces deux films partagent.) ou encore LA GUERRE DES MONDES (Parce qu'il plonge au coeur de la terreur : celle de l'extermination de l'espèce humaine).

Le "survival” est un genre cinématographique à part entière qui plonge au coeur des peurs de l'humanité. Reed Morano sait combien l'inattendu est ce que tout bon spectateur de cinéma attend dans ce type de récit. Le surprenant comme le plus angoissant. La catastrophe au cinéma est soit traitée de manière grandiose avec grand renforts d'effets spéciaux, soit avec une économie de moyens comme c'est le cas ici, conférant au film un caractère presque naturaliste. Ces films mettent en scène la lutte des hommes pour leur survie, la nature est souvent hostile et l'espérance d'un monde meilleur presque vaincue pour les survivants. Or, ici c'est absolument le contraire, c'est le calme et le silence qui prévalent, et c'est bel et bien la figure de Robinson qui surgit dans nos mémoires. Nulle explication n’est donnée sur les causes de la disparition de la quasi-totalité de la population, comme si l'enjeu était ailleurs.

La cinéaste nous raconte une toute autre histoire que la lutte pour la survie, il s'agirait plutôt de la rencontre de deux solitudes, deux personnes profondément affectées dans leurs corps mais qui tiennent encore debout. 

Avec une ironie quasi mordante, Reed Morano nous dévoile un final grinçant, nous renvoyant à nos propres mensonges, tout ceux qu'on est prêt à accepter pour vivre en paix, avec nos privilèges. Ce n'est pas tant la disparition de la population qui est à craindre que ce que l'humanité est prête à avaler comme leurre pour continuer comme avant. Quitte à abdiquer non pas son libre arbitre mais pire que cela : sa mémoire.

une belle petite découverte. quoiqu'un peu gâcher par l'arrivée un peu au pif d'une retournement de situation très incongru. Mais peter dinklage est vraiment très bien dans le film et elle fanning prouve encore une fois qu'elle écrase sa soeur sur le talent de comédienne. ...

Film d'anticipation minimaliste qui se défie des codes du genre apocalyptique habituel, c'est-à-dire soit avec des hordes de zombies, soit avec des bandes de motards déchaînés ! Ici les deux personnages sont un bibliothécaire renfermé sur lui-même et une jeune femme paumée ...

Visiblement, ce film n’a pas de date de sortie et devra donc se contenter du DTV. Quand on en arrive à ne pas prendre en compte Elle Fanning au casting comme un argument suffisant pour sa distribution en salle, c’est que le monde va mal. En toute objectivité, bien entendu. ...