Selon plusieurs médias américains, le tournage de Tetro à Buenos Aires aurait été suspendu, au printemps 2008, le temps de régler un conflit entre les acteurs et la production, Zoetrope Argentine. Les comédiens déclaraient que leurs contrats étaient incomplets voire inexistants. La société, elle, a toujours nié ces vices et a même déclaré à la presse que tous les jours de travail prévus avaient été exécutés et que les prises de vues n’avaient jamais été arrêtées. La porte-parole de Coppola, Kathleen Talbert, allant jusqu’à dire que la majorité des acteurs argentins avaient déjà tourné leurs scènes au moment où le soi-disant conflit aurait éclaté et en avait terminé avec le tournage. Le 28 mai 2008, le syndicat des acteurs argentin déclarait pourtant que les « problèmes avaient été résolus, que les avocats des producteurs avaient présenté les documents nécessaires et reconnu leurs erreurs. »
C’est pendant le montage de L’Homme sans âge, début 2007, que Francis Ford Coppola a écrit le scénario de Tetro, inspiré notamment par son admiration de l’Argentine. « Je savais que c’était un pays qui avait une grande tradition culturelle, artistique, littéraire, musicale et cinématographique, dit-il à une agence de presse allemande. Et j’aime ce genre d’atmosphères parce que c’est généralement là que travaillent les personnes les plus créatives. » Doté d’un budget de 15 millions de dollars – pas mal pour un potentiel commercial relativement réduit –, Tetro est interprété par Vincent Gallo, pas forcément le plus populaire des comédiens puisque très provocateur et plutôt imprévisible, et Alden Ehrenreich, qui incarnera bien plus tard Han Solo dans Solo, le prequel de Star Wars, mais dont c’est ici le premier long-métrage. Les recettes mondiales du film n’ont pas atteint 3 millions de dollars.
Non content d’être, selon Coppola, un film-jumeau de Rusty James, qu’il réalisa en 1983, Tetro est né sous d’autres bonnes influences. Comme Les Chaussons rouges de Powell et Pressburger qui inspira la scène du ballet. Ou encore Sur les quais, avec Marlon Brando – Coppola y a directement tiré la scène où Tetro tient un bouquet. Lorsque le cinéaste cherchait le style visuel du film avec son chef opérateur roumain Mihai Malaimare Jr. (avec qui il avait déjà collaboré sur L’Homme sans âge et avec qui il collaborera à nouveau sur Twixt), il évoquait régulièrement La Nuit, film de 1961 de Michelangelo Antonionio ou La Poupée de chair d’Elia Kazan (1956), réalisateur d’ailleurs de Sur les quais.