THE EXAM

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Avec ce quatrième long métrage, le réalisateur kurde irakien Shawkat Amin Korki poursuit son exploration de la réalité d’un pays qui aspire à évoluer mais est encore entravé par une mentalité archaïque et la menace latente de la guerre. 

Cet état de fait s’exprime ici à travers la situation apparemment simple d’une jeune fille qui a besoin de réussir un examen pour pouvoir poursuivre des études et ainsi échapper à un mariage arrangé. Sa sœur la soutient pour lui éviter de connaître le même sort, tandis que la forte demande de diplômes a généré un florissant trafic de résultats. 

De là découlent un certain nombre d’interrogations sociales, culturelles et éthiques, qui par exemple suggèrent une relation de cause à effet entre rigueur morale et corruption. Avec beaucoup de finesse et en évitant le manichéisme, le réalisateur et scénariste a compensé l’économie de moyens par une écriture claire qui réussit à dire des choses compliquées d’une façon simple.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SLUMDOG MILLIONAIRE (Un jeune issu des bidonvilles est accusé de tricher à un jeu télévisé de questions et réponses.) ou encore TERRE DE ROSES (Des combattantes du PKK se battent contre l'Etat Islamique.).

Le réalisateur Shawkat Amin Korki décrit son film comme le combat de deux personnages féminins pour améliorer leur condition. Leur parcours les confronte au problème de la corruption du système éducatif. Le script distingue trois univers distincts : celui de la famille des deux femmes, celui de l’école, et celui de la mafia. Au début, l’auteur pensait séparer ces univers en décrivant des trajectoires parallèles, mais au fil de l’écriture, la sœur aînée connecte ces trois parties pour former un triangle. 

Korki souligne les difficultés de tourner dans son pays qui manque de tout lorsqu’il s’agit de cinéma : manque d’infrastructures pour la post production, manque de personnel et de techniciens qualifiés, sans oublier les actrices, un métier dont l’enseignement n’est pas facilité. Pour incarner les deux rôles principaux, le cinéaste cherchait des visages nouveaux, c'est pourquoi il a choisi deux actrices non professionnelles. Elles étaient des femmes libres et indépendantes qui devaient jouer des personnes voilées et mariées à des maris conservateurs. Elles ne s’étaient jamais trouvées face à une caméra. Les autres interprètes, le père, le mari, le professeur et l’ingénieur, étaient des professionnels plus ou moins expérimentés. La difficulté consistait à diriger les unes et les autres dans les mêmes scènes, chacun devant recevoir des directives différentes selon leur expérience. Le processus a été facilité grâce aux répétitions organisées avant le tournage. 

Pour définir le style visuel, le réalisateur a choisi avec son directeur de la photo le format Cinémascope pour inclure le plus de détails possibles, tandis que la caméra était portée pour suivre les personnages jusque dans l’ombre. L’utilisation de longs plans séquences accroissait la difficulté des prises de vue. Inquiet de l’avenir des jeunes Kurdes, le cinéaste espère que son film attirera l’attention non seulement au Kurdistan mais dans tout le Moyen Orient où l’éducation connaît les mêmes problèmes. The exam a obtenu le prix FIPRESCI au festival du film de Karlovy-Vary.