TOM MEDINA

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La réputation peut-être un véritable boulet... Qu’elle soit bonne ou mauvaise, il arrive qu’elle soit tenace et vous poursuive des années durant. Dans le cas de Tom, autant dire que sa réputation n’est guère favorable ! Quand il revient en Camargue après un séjour en prison, il trouve refuge chez un dénommé Ulysse qui l’accueille sans lui demander de compte. 

Tom va alors croiser la route de Suzanne, une jeune mère séparée de sa fille et malmenée elle aussi par la vie. Le couple va décider de se battre avec ses propres armes contre une injustice devenue insupportable... Tony Gatlif signe ici un de ses films les plus personnels : cette histoire se rapprochant de la sienne, dans les années 60... 

Une note autobiographique ajoutée à ces paysages camarguais qu’il aime tant font de « Tom Medina » un film sincère et fort, porté par un jeune comédien dont c’est le vrai premier « premier » rôle, David Murgia...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DE ROUILLE ET D'OS (Et si les destins cabossés s'attiraient, se rencontraient et finissaient par donner quelque chose de meilleur ? Audiard comme Gatlif creusent cette thématique...) ou encore D'OU VIENS TU JOHNNY ? (La Camargue terre de contraste...au cinéma aussi ! Un drame social ou un western français, les paysages collent à merveille !).

Tony Gatlif refuse de parler de film autobiographique quand il évoque « Tom Medina ». Mais le personnage partage avec le réalisateur une réelle proximité qui en fait une sorte de reflet en creux... Après avoir fui l’Algérie au début des années 60, le jeune Tony a passé de longues semaines perdues dans les rues de Paris, avant qu’un éducateur (comme Ulysse dans le film) ne prenne soin de lui...  Une rencontre avec Michel Simon, des cours d’art dramatique, des premières pièces de théâtre puis le cinéma ont définitivement changé sa vie... A partir du milieu des années 70, Gatlif quitte l’écran pour passer derrière la caméra. Il va vite s’intéresser à la communauté Rom dont il partage les origines, lui le fils d’une Gitane et d’un Kabyle... 

« Les princes » en 1983 apparait comme un électrochoc. Le film décrit la vie d’une famille gitane survivant dans un HLM vétuste de la banlieue parisienne. Gérard Darmon y signe une prestation marquante... A partir de là, Tony Gatlif va consacrer son œil de cinéaste à ces gens qu’on ne montre jamais, ces oubliés de la société : Rom, immigrés, pauvres, marginaux... Son œuvre est un cas presque unique : « Rue du départ » en 85, « Pleure pas my love » en 89, « Gaspard et Robinson » l’année suivante par exemple vont imposer son style. 

Le grand public croisera plusieurs fois sa route comme avec « Gadjo dilo » avec Romain Duris en 1998 sera en plus récompensé aux César et au Festival de Locarno avant d’attirer près de 400 000 spectateurs en salles... Romain Duris, acteur déjà important à l’époque, retrouvera son metteur en scène à plusieurs reprises : dans « Je ne suis pas né d’une cigogne » en 1990 puis dans « Exils » quatre années plus tard...  Il n’est pas le seul à s’être retrouvé devant la caméra très « auteur » de Tony Gatlif : Asia Argento dans « Transylvania », Marc Lavoine dans « Liberté » ou Céline Sallette dans « Geronimo » l’ont également imité...

Un homme sans identité, bienveillant, de la terre, spirituel et sauvage, venant d'ailleurs, souriant, juste, écorché, meurtri, en souffrance... Recueilli et guéri par les siens continue son aventure, sa vie retrouvée... Un très beau conte. De très bon comédiens. Un homme ...