UN MONDE

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C’est un grand jour pour Nora. Aujourd’hui, elle rentre à l’école primaire avec une grande appréhension. Si elle pouvait, elle resterait auprès de son papa. Le fait que son grand frère, Abel, soit déjà dans l’école n’y change pas grand chose. Elle a peur, pleure mais finit par rejoindre la classe. Elle découvre bientôt ce qu’elle avait peut-être appréhendé. La cour de récréation n’est pas forcément un lieu de détente ou de jeux pour tout le monde. Au début, elle peine à se faire des ami.e.s, traîne un peu avec son frère qui la rejette. Peu à peu, elle prend conscience que cet aîné est victime d’un harcèlement scolaire hyper-violent. Il n’en dit rien et ne veut surtout pas que sa soeur parle. Prise dans un énorme dilemme de loyauté, entre ce frère qu’elle aime mais qui est une entrave à son intégration, entre ce père qui ne comprend rien et les instituteurs qui ne semblent pas concernés, Nora va devoir choisir la stratégie à adopter pour enfin trouver sa place à l’école.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RÉCRÉATIONS (Filmé aussi à hauteur d'enfants, Claire Simon montre au plus près ce qui se passe dans une cour d'école, les enjeux et la violence qui y règne aussi) ou encore CARRIE AU BAL DU DIABLE (Exclure, se moquer peut susciter une terrible vengeance).

Pour son premier long métrage, la réalisatrice belge Laura Wandel a délibérément choisi de s’intéresser à l’école, et à la première année qu’un enfant y passe. « L’entrée à l’école a une influence sur le paysage intérieur qui se dessine et se construit durant l’enfance. En plus d’y apprendre à lire et à écrire, c’est surtout le rapport à l’autre qu’on y explore. J’ai donc choisi l’école, et surtout la cour de récréation, car c’est une micro-société. Dans l’école, il y a un véritable enjeu d’intégration ». Pour bien maitriser son sujet, elle a passé des mois à observer ce qui se jouait dans ces cours de récréation, comment les uns et les autres y trouvaient leur place, leur territoire. Et comment l’amitié devient le moyen de s’émanciper de sa famille. Pour rendre compte au mieux de la panoplie d’émotions qui traversent sa petite héroïne, à ce moment crucial de sa vie, Laura Wandel a opté pour une mise en scène immersive, à hauteur de Nora. Son directeur de la photographie Frédéric Noirhomme, avec qui elle avait déjà réalisé un court-métrage, s’est harnaché une caméra de manière à ce que le spectateur ressente exactement la même chose qu’elle. On ne voit le visage des adultes que quand ils se penchent vers elle, par exemple. Le choix de l’interprète principal, Maya Vanderbeque, qui interprète Nora, a été déterminant et donné lieu à un vaste casting d’enfants. Mais, Maya s’est montrée la plus déterminée, elle a même accepté de se couper les cheveux pour le rôle. Tourné pendant les vacances scolaires après un long dispositif de rencontres et d’ateliers le week-end pour que les enfants s’y préparent, Un Monde a eu un accueil impressionnant. Sélectionné dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2021, où il a reçu le Prix Fipresci, il a ensuite connu un fort belle carrière dans une vingtaine de festivals européens. Il est surtout ressorti comme le grand gagnant des Magrittes, les récompenses du cinéma belge, en remportant 7 des prix les plus importants et a représenté la Belgique dans la course aux Oscars.