UN SOUPÇON D'AMOUR

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C’est l’histoire d’une tragédienne qui passe la main. Elle ne veut plus jouer « Andromaque », elle se fait remplacer par une autre, laquelle est, incidemment, la maîtresse de son mari.  

Au petit jeu des chaînes conjugales, Paul Vecchiali invente un vaudeville triste, dans la lumière dorée du Haut-Var. « Un Soupçon d’amour » sorti en septembre 2020, est un film sur le deuil qui assume sa part de théâtralité et sa passion pour la belle langue classique. 

Dans les deux rôles principaux, Marianne Basler et Fabienne Babe se cherchent et se pourchassent, sous les yeux des hommes qui ne savent plus où les trouver. Le soupçon c’est celui d’Hitchcock, l’amour vient de Vecchiali.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ALL ABOUT EVE DE JOSEPH L. MANKIEWICZ (1950) (Une histoire d'actrice au fait de sa carrière et qui voit arriver la relève, en la personne d'une jeune femme qui devient sa protégée et sa confidente. Jusqu'au jour où elle prend sa place.) ou encore CA N'ARRIVE QU'AUX AUTRES DE NADINE TRINTIGNANT (1971) (La tragédie de la perte d'un enfant est évoqué dans ce film qui est, lui aussi, basé sur des événements biographiques. Nadine et Jean-Louis Trintignant avaient du en effet affronter cette terrible épreuve, en 1969, avec la mort subite de leur fille Pauline qui n'avait pas un an.).

Paul Vecchiali 90 ans, est le vétéran des cinéaste français en activité. On l’aperçoit d’ailleurs dans le film, silhouette fragile qui  vient danser avec Marianne Basler. « Un soupçon d’amour » est son 30e film, celui d’un franc-tireur qui s’est marginalisé du business du cinéma pour s’autoproduire.  

L’homme qui fut polytechnicien pour faire plaisir à sa mère, est né dans les clapotis de la Nouvelle Vague et de la cinéphilie idolâtre des années 50. Son premier film, aujourd’hui perdu, « L
es petits drames » (1960), il l’a fait avec peu de choses et comme un artisan. Mais à son grand âge il a décidé de réaliser le film qui lui tenait à coeur. « Un soupçon d’amour » est dédié à Douglas Sirk, l’homme des grands mélos hollywoodiens. Mais c’est l’ombre qui cache son fantôme familier: Sonia Savianges.

Née Christiane Vecchiali, Savianges était la soeur de Paul, elle était comédienne. On la voit d’ailleurs dans plusieurs films de son frère dont un des plus célèbre : « Femmes femmes » (1974). Elle a perdu son enfant, comme l’héroïne du film et, dépressive, a fini par se suicider en 1986. Et c’est en écho à d’autres deuils plus anciens, sa femme et sa fille disparus en 1955, que Vecchiali a convoqué tous les esprits de ceux qu’il aime pour ce mélodrame entre la peur et le déni, la perte et la folie. Comme chez Racine.

Geneviève Garland (Marianne Basler) « est » Andromaque. Elle « est » Andromaque, puisqu’elle reprend le rôle, pour la ènième fois, face à son mari, André (Jean-Philippe Puymartin), qui lui donne la réplique dans le rôle de Pyrrhus. La nouvelle réalisation de Paul ...