VALLEY OF LOVE

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Avec Valley of love de Guillaume Nicloux que vous allez regarder dans un instant, nous entrons dans une catégorie à la fois passionnante et risqué : celle de la fiction très très très proche de la réalité…

Le film raconte en effet le voyage en Californie d’un couple de comédiens aujourd’hui séparé, venu braver la fournaise de la Vallée de la Mort pour espérer y recevoir un message de leur fils défunt, message consigné dans une lettre annonciatrice de son retour sur Terre. Le fait qu’Isabelle Huppert et surtout Gérard Depardieu tiennent les rôles principaux de ce récit n’est évidemment pas anodin. Usant de longs plans-séquences souvent construits à la manière de confessions devant sa caméra, le réalisateur offre un portrait en creux d’un comédien qui a lui-même traversé l’épouvantable épreuve du deuil d’un enfant. L’entendre parler de la mort, de ses manques, de ses regrets de père est non seulement fascinant mais aussi terriblement émouvant.

Entre voyeur et spectateur, vous allez assister à une expérience qui a électrisé le festival de Cannes 2015...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE 6E SENS (Pouvoir voir les morts, accepter de leur parler et d'entendre ce qu'ils ont à dire... Du fantastique à une histoire de famille, deux visions de l'invisible...) ou encore NO COUNTRY FOR OLD MEN (Les immensités désertiques de l'Ouest américain nourrissent de formidables étendues fictionnelles dont le cinéma ne cesse de s'abreuver...).

Nous ne nous arrêterons pas aujourd’hui sur cette nouvelle performance accomplie par Gérard Depardieu. D’abord parce qu’elle s’ajoute à une liste impressionnante de grands moments de cinéma, dont il faudrait des heures, (que ni vous ni moi n’avons là maintenant de disponibles), pour tenter de faire le tour. Ensuite parce que depuis quelques années maintenant, le comédien multiplie les rôles à la mesure de sa démesure, semblant chercher de quoi illuminer ou prolonger encore un peu un métier dont il dit avoir depuis longtemps fait le tour.

Il fallait donc un cinéaste ambitieux pour l’amener une fois encore devant une caméra et interpréter ce personnage de père repentant, pleurant la mort de son fils tout en s’accusant de sa disparition et espérant sans y croire le retrouver miraculeusement au détour d’un canyon californien ! Guillaume Nicloux aura donc été ce cinéaste à se frotter à la bête, au monstre du 7e art que demeure Depardieu. Ce 10e long métrage prolonge une œuvre constante, marquée par des films sombres et souvent animés par la violence. D’abord auteur de romans, ce grand amateur de Jean-Pierre Melville a rendu hommage via les intrigues policières de ses films et leur ambiance musicale, orchestrée à plusieurs reprises par Eric Demarsan, un des compositeurs-fétiches du réalisateur de L’armée des ombres et du Cercle rouge. En 1998, Le poulpe permet à Guillaume Nicloux de se faire remarquer par le grand public. Son adaptation d’un roman tirée d’une célèbre collection de polars aborde les milieux extrémistes politiques, parlant aussi de corruption, de sexe et de pillage de tombes ! Jean-Pierre Darroussin et Clotilde Courau portent ce récit poisseux et malsain qui obtient un vrai succès. 

Dans ses films suivants, Nicloux continuera de creuser cette veine : Une affaire privée, Cette femme-là ou La clef sont à la fois des œuvre à la signature visuelle notable mais aussi des histoires à la noirceur profonde.

Traînant sa valise d'un pas vif et décidé, robe à fleurs et cheveux flottant librement dans le dos, la silhouette frêle d'une femme à l'âge indéterminé, avance résolument vers la chambre du motel : parc national de la Vallée de la Mort en Californie. Isabelle et Gérard, ...

Une immense claque de soleil, de larmes et de talent. Un film d'une pudeur et d'une subtilité rares, un film pour moi inqualifiable, inclassable - merveilleux - qui réussit à mélanger drame, comédie, fantastique, bouscule nos certitudes, nous envoûte par ses contrastes lumineux, ...

« Vous ne m’aimez pas, et bien sachez que je ne vous aime pas non plus! », le point levé, c’est ainsi que Maurice Pialat répondit aux huées cannoises lorsqu’il reçut la palme d’or pour son chef d’œuvre Sous le Soleil de Satan. C’est avec une délicieuse ironie ...