VIKING

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On raconte que les vikings ont été les premiers occidentaux à découvrir l’Amérique. Maintenant les russes rappellent que les hommes du nord ont fondé une partie de leur nation.

Pour une fois qu’ils sont d’accord, découvrons ensemble « Viking » de Andreï Kravtchouk superproduction de l’âge poutinien sortie en 2016 et qui voit l’épopée de Vladimir 1er l’homme qui fit au 10ème siècle de Kiev une des villes lumières de l’Europe de l’est.

Les historiens ont des raisons de s’empailler mais les spectateurs apprécieront cette épopée pleine de sang, de fureur et de cavalier hurlants dans les steppes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GUERRIER SILENCIEUX DE NICOLAS WINDING REFN (2010) (Une épopée de Vikings chrétiens en quête de la terre promise mais qui s'égarent sur l'océan. La terre qu'ils abordent est hostile, inconnue et peuplée d'indigènes païens. La lutte pour la survie est aussi un combat pour le sens et les valeurs du groupe.) ou encore ANDREI ROUBLEV DE ANDREÏ TARKOVSKI (1969) (Une oeuvre majeure sur la naissance de l'âme russe, au travers de l'évocation en plusieurs tableaux de la vie d'un moine peintre d'icône. Tarkovski en pleine période soviétique réhabilite une figure légendaire et montre le chaos d'un Moyen-âge slave où l'intolérance religieuse est la règle.).

Sorti dans les salles russes le 29 décembre 2016, « Viking » a été un  succès considérable et un évènement national en Russie. Il a été aussi l’objet de polémiques acharnées. L’église orthodoxe a officiellement protesté de la violence de l’oeuvre et de la barbarie avec laquelle était représenté l’époque, celle de Vladimir le grand qui, comme c’est étrange, renonça au paganisme pour embrasser le christianisme orthodoxe. Les russes nationalistes de leur côté ont protesté de l’ascendance scandinave d’une partie de leurs ancêtres, même si une dynastie de six siècles issues des guerriers du nord avait régné à l’époque sur un pays plus grand que l’Ukraine contemporain.

Le président Poutine, lui, a déclaré qu’il s’agissait d’une oeuvre d’art. Il faut dire que le film n’aurait pas pu se faire sans lui, qui nous explique que l’Ukraine c’est la Russie depuis toujours. C’est de bonne guerre si j’ose dire. Quant au public russe majoritairement, il se voit plus proche des peuples scandinaves que des sibériens ou mongols. Il aura fallu sept ans de préparation à Kravtchouck avec un gros travail de recherche sur les vêtements, les bijoux et les armes de l’époque. Des linguistes ont même réinventé la langue disparue des nomades des steppes. Le film a été en grande partie tournée en Crimée fraîchement rattachée à l’empire et on en a profité pour y ouvrir le premier parc à thème russe, issu d’un film.

Avec quatre longs métrages à son palmarès Kravtchouk, 55 ans, est le nouveau cinéaste officiel. Il a déjà obtenu un succès considérable avec « Amiral » (2008) son précédent film qui réhabilitait un des officiers blancs pendant la guerre contre les bolcheviks. Il inscrit son oeuvre dans une réhabilitation globale des héros de la grande Russie voulue par le pouvoir. Il ne lui reste plus qu’à conquérir le reste du monde.