D'APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE

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Il n’est pas toujours facile de digérer un immense succès littéraire. Après les longs mois d’écriture puis ceux de la promo, vient le temps de la sortie en librairie, des séances de dédicaces et l’auteur fini par se retrouver seul, avec l’angoisse de la page blanche : le livre d’après… Tatie Clara vécut pareille mésaventure après la parution de son best-seller « Le radiateur pour les Nuls » mais bizarrement, c’est à un autre cas que s’est intéressé Roman Polanski pour le film qui va suivre.

« D’après une histoire vraie », tiré du roman de Delphine de Vigan, suit les pas chancelants d’une romancière à succès qui commence à recevoir d’inquiétantes lettres de menace, avant de tomber sous la coupe d’une inconnue, à laquelle elle va accepter de livrer son quotidien, laissant l’intruse prendre les commandes de sa vie à ses risques et périls.

Un thriller moite et dérangeant dans lequel Emmanuelle Seigner et Eva Green se livrent à un duo-duel impressionnant et indécis jusqu’au bout…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DERRIERE LES MURS (L'inspiration est une chose mystérieuse : pour un écrivain, il faut du calme, du silence et de bonnes émotions... Tout le contraire de ce que vivent les héroïnes de ces deux films !) ou encore SWIMMING POOL (Pas facile pour un auteur de se ressourcer et de trouver l'inspiration, surtout quand une inconnue vient vous empêcher d'écrire en rond !).

Il est devenu compliqué de parler cinéma quand on évoque Roman Polanski. Ce n’est ni l’heure ni l’endroit pour refaire l’historique de l’affaire qui poursuit le réalisateur depuis des décennies mais, si l’on doit uniquement juger sa filmographie avec l’oeil d’un spectateur impartial, on ne peut que constater les effets de cette affaire sur son inspiration.

« D’après une histoire vraie » que vous venez de voir parle de la relation toxique entre une romancière et une inconnue, la seconde enfermant petit à petit la première dans la prison de sa propre vie. En 2013, Polanski utilisait les mêmes ressorts en adaptant la pièce « La vénus à la fourrure », racontant comment une comédienne prenait d’assaut les auditions organisées par un metteur en scène de théâtre pour mieux révéler un secret inavouable. Autre huis clos en 2011, cette fois dans un appartement cossu de New York avec « Carnage » (adaptation de pièce encore, signée celle-là Yasmina Reza) qui mettait aux prises de plus en plus violentes deux couples de bourgeois, suite à une banale affaire de bagarre enfantine. En 2010, « The ghost writer » emmenait le spectateur sur une île isolée, auprès d’Ewan McGregor, écrivain engagé comme le nègre littéraire de Pierce Brosnan en ex premier ministre britannique rattrapé par un scandale d’Etat…

Quatre films certes très différents mais basés sur un même fond, tournés durant une période où le chapitre judiciaire de la vie de Roman Polanski s’est enrichi de nouvelles pages. Alors convenons que son inspiration a rarement été guidée par la franche rigolade et que le cinéaste franco-polonais, rescapé du ghetto de Varsovie puis des circonstances atroces de l’assassinat de sa compagne Sharon Tate en 1969, est marqué par le drame. Folie, complot, paranoïa, barbarie et aliénation font partie de ses inspirations. Avant de devenir à son tour une figure du fait divers, le réalisateur en montrait déjà les reflets fascinants et inquiétants dans des films plus anciens comme « Le locataire », « Rosemary’s baby », « Répulsion » ou « Frantic »…

Un peu d'objectivité serait salutaire, dire qu'Emmanuelle Seigner joue mal n'a aucun sens, idem pour Eva Green, et si dire qu'on devine la direction que va prendre le film dès son apparition est parfaitement exact, ce n'est pas une faute d'écriture puisque c'est volontaire. ...

Si l'on avait encore des doutes, l'affaire Polanski prouve bien que l'espèce humaine est d'une lâcheté sans limite. Il suffit de voir la note attribuée sur ce site pour s'en rendre compte. Pas assez satisfait de voir la Justice (à qui incombe de condamner ou non la personne ...

Dès ses débuts, Polanski s'est révélé passé maître dans la peinture de la folie, des fêlures, féminines comme masculines, des situations qui dérapent. Comment s'étonner qu'il se soit laissé tenter par cette adaptation du roman éponyme de Delphine de Vigan ? Aux questionnements ...