DÉSORDRES

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Rares sont les films qui traitent du milieu méconnu de l’horlogerie. On imagine un univers feutré, silencieux, rythmé par le temps long et la précision des gestes pour aboutir à l’excellence... « Désordres » de Cyril Schäublin va vous prouver exactement le contraire ! Nous voici en Suisse, à la fin d’un XIXème siècle où les progrès de l’industrie bouleversent les méthodes de travail.  

Joséphine, une jeune ouvrière chargée de poser les balanciers dans les montres, (le titre original du film « Unrueh » signifie d’ailleurs balancier), va être le témoin-victime de ce changement et devoir d’y plier. Hasard de l’Histoire, elle découvre au même moment les thèses anarchistes et le mouvement ouvrier international, en la personne de Pierre Kropotkine. Les terres calme du Jura Suisse vont en fait servir de terreau à une révolution sociale qui emportera tout sur son passage...   

A la fois drame historique et pamphlet social, « Désordres » n’élude pas la sensibilité de son propos et repose notamment sur les épaules gracieuses de son héroïne incarnée par Clara Gostynski... 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BANDE A BONNOT (L'anarchisme a rarement eu droit aux honneurs du grand écran : voici deux plongées totalement différentes mais complémentaires au coeur de ce mouvement...) ou encore KEEPER OF TIME (L'horlogerie est bien plus qu'un décor dans ces deux films, (documentaire ou fiction) : elle est la trame du récit...).

Cyril Schäublin est un des jeunes représentants du nouveau cinéma suisse. Le 7ème art a vu le jour au cœur de la fédération helvétique comme partout ailleurs à la toute fin du XIXème siècle. Le pays avait plusieurs atouts supplémentaires pour que cette nouveauté qui émerveillait le monde y prenne vraiment son essor : une neutralité séculaire qui le tenait à l’écart des remous de l’Histoire, une diversité de paysages visuellement attrayante mais également une multitude de langues parlées : français, italien allemand et romanche. Très vite donc, on commença à tourner des documentaires puis des fictions et un premier cinéma ouvrit même son écran à Bâle en 1907, fort de ses 1800 fauteuils !  

Il faut attendre les années 20 pour voir sortir de véritables films destinés au grand public : « Les origines de la Fédération » réalisé par Emile Harder est une ode patriotique qui retrace les grandes heures de la fondation du pays, à travers notamment l’épopée de Guillaume Tell. Jacques Feyder avec « Visages d’enfants », Jean Choux avec « La vocation d’André Carel » seront les pionniers d’un cinéma alors muet. Au début de l’ère du parlant, la Suisse se lance vraiment dans une production industrielle de long-métrages, bénéficiant dans les années 30 de l’émigration d’artistes allemands fuyant le régime nazi même si, (neutralité oblige), les autorités locales prennent grand soin à ne pas blesser leur puissant voisin.  

Durant la seconde guerre mondiale on découvre des films importants comme « Roméo et Juliette au village », « Gilberte de Courgenay » ou « Marie-Louise » qui sera même récompensé aux Oscars. A la fin du conflit est créé le Festival de Locarno qui donne un peu plus de lustre au cinéma helvétique et à partir des années 50, toute une génération d’artistes émergent au niveau mondial : Claude Goretta, Alain Tanner, Michel Soutter, Jean-Luc Godard évidemment puis plus tard Christine Pascal et Ursula Meier porteront très haut et très loin les couleurs locales du 7ème art... 

Unrueh est un film particulier; Le rythme est très lent, sentiment venant de la longueur des scènes, du peu de coupes effectuées, du scénario qui ne se développe pas vraiment et des langues parlées. Si cela pourra en rebuter certains, d'autres comprendront que le film joue ...

J'avoue que je n'ai pas compris le délire du réalisateur Cyril Schäublin (le mec a du talent à revendre, il a une patte personnelle intéressante, comme je vais le faire comprendre par la suite, donc je ne suis pas en train de le descendre, juste de chipoter sur un truc !) ...

Désordres est un événement cinématographique. Cyril Schäublin parvient à parler du monde ouvrier de manière assez inédite en utilisant le rapport au temps. C'est là que c'est fabuleux parce qu'on va s'intéresser à des ouvrières dans une usine de montres, ...