SOUL OF A BEAST

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Amateur.ice.s de vies tourmentées et d’expériences sensorielles, ne cherchez pas plus loin : Soul of a Beast est le film qu’il vous faut.    

On y suit Gabriel, père adolescent de 17 ans, partagé entre le désir de brûler la vie par les deux bouts et ses responsabilités parentales vis à vis de son fils dont il a la charge seul. Une situation compliquée, qui se corse encore un peu plus lorsqu’il tombe amoureux de Corey, la dulcinée de son meilleur ami Joel. L’horizon devient orageux au sein du trio, comme un écho à l’atmosphère de pré-apocalypse régnant dans les rues d’une ville en proie au chaos social.   

Deuxième réalisation du suisse Lorenz Merz, Soul of a Beast est un film sensoriel - parfois même un trip hallucinogène - alternant violence et tendresse, ponctué d’explosions bestiales, où chaque protagoniste libère sa part animale. Le film porte bien son nom. Des pulsions graphiques qui évoquent - sans trop citer - Wong Kar-wai et qui ont déjà séduites de nombreux festivals, comme Locarno et l’ECU à Paris, où le film est reparti les mains pleines (meilleur film, meilleur acteur).  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AFTERSUN (Parce que ce premier long-métrage célébré par la critique et le public est une expérience sensorielle. Comme "Soul of the beast", il repose sur des non-dits et des images soignées.) ou encore LES REBELLES DU DIEU NÉON (Parce que ce premier film de Tsai Ming-liang est une errance troublante dans les rues de Taipei, qui pourraient aussi bien être celles de Zurich.).

Soul of a Beast est une galerie de visages relativement connus. Par exemple, si la mère de Zoé vous évoque Isabelle Huppert, c’est normal, il s’agit de… sa fille Lolita Chammah. Mère et filles jouent d’ailleurs régulièrement ensemble : Caravage (2022), EO (2022), Barrage (2017), etc… L’autre visage qui titillera peut-être vos souvenirs est celui de l’actrice franco-suisse Ella Rumpf, dont la notoriété grimpe depuis son rôle dans Grave de Julia Ducournau où elle incarne la grande sœur de l'héroïne (Garance Marillier). Plus récemment, elle joue le rôle-titre dans le film allemand Tiger Girl de Jakob Lass (2017) puis aux côtés de Niels Schneider à l'affiche du film Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay.   

Sans être autobiographique, le film est largement inspiré par la propre expérience du réalisateur, lorsqu’à 17 ans, il est devenu père tandis qu'au même moment, il perdait des amis proches. Parmi les influences remarquables du film, on notera notamment celles de Lonesome Wolf and Cub, manga des années 1970 écrit par Kazuo Koike et dessiné par Goseki Kojima.   

Enfin, si vous trouvez le film frappant visuellement, c’est normal, le réalisateur cherche à s’adresser au spectateur sans passer par son cerveau, comme il l’a confié au magazine Variety : « Je ne pense pas que ce soit un film que l'on puisse expérimenter intellectuellement, c'est vraiment un film physique qui vous prend à l’estomac. Ou pas ».