GENTLE

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Jusqu’au seriez-vous prêt(e) à aller pour accomplir votre rêve, quitte à ce que celui-ci vire au cauchemar ? Le film des hongrois László Csuja et Anna Nemes explore cette question et lui apporte une réponse aussi dérangeante que fascinante... Vous allez y découvrir Edina, une culturiste en passe de réaliser l’objectif de sa vie : devenir Miss Olympia, le Graal de sa discipline.

Mais là, sous les projecteurs blafards, au milieu de la musique tonitruante, la peau tannée par les séances de bronzage intensif, c’est une femme seule et fragile qui apparaît. Tout ça pour ça... Tout ça pour quoi exactement ? Eszter Csonka incarne à la perfection cette athlète soudain perdue, dont le corps parfait, sculpté, révèle les failles d’un esprit déshumanisé.

« Gentle » est une œuvre rude qui explore le monde peu connu des coulisses du culturisme féminin et montre combien les sacrifices consentis finissent un jour par devenir des manques, des gouffres, des névroses qui vous rattrapent et finissent par vous engloutir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BODYBUILDER (Parce que le culturiste François Yolin Gauvin se révèle, devant la caméra de Roschy Zem, un excellent acteur. Il remplace Antoine de Caunes, qui avait commencé à s'entraîner avant d'abandonner le projet.) ou encore PUMPING IRON (Parce que ce passionnant documentaire sur le culturisme a pour vedette Arnold Schwarzenegger. Quelques année plus tard, une suite sera consacrée aux compétitions féminines.).

Ce n’est plus un corps. C’est un bloc de marbre, sculpté par le sacrifice, la discipline implacable, l’effort sans cesse renouvelé. Toute trace de gras a disparu. Ne reste qu’un assemblage de muscles aussi impressionnants que rebutants. Mais derrière la plastique d’Edina dans le film « Gentle », on devine vite un cœur et une âme essayant de trouver leur place dans le peu d’espace subsistant... Le cinéma s’est déjà emparé de ce phénomène pour y trouver l’inspiration. Dans le bien-nommé « Bodybuilder » en 2013, Roschdy Zem adapte un documentaire marquant sur le patron d’une salle dédiée au culturisme. Dans le film, Vincent Rottiers retrouve un père absent dont il a soudainement besoin et découvre sa passion viscérale pour un sport ultra contraignant qui, bien au-delà de lui sculpter une silhouette de colosse, forge aussi un mental à toute épreuve, surtout celles de la vie...

A revoir également « Hercule à New York », péplum de 1970. Enfin « revoir », c’est un bien grand mot car ce nanar d’anthologie n’est pas resté dans l’Olympe du 7e art mais il permet de découvrir pour la première fois à l’écran le corps hallucinant d’un certain Arnold Schwarzenegger, riche déjà d’une carrière de sportif de haut niveau et qui fait là ses premiers pas au cinéma. La suite, de « Conan le barbare » à « Terminator », prouvera que Schwarzy est arrivé au moment où Hollywood était prêt à renouer avec cette veine de l’acteur colosse.

Mais le culturisme peut également pousser au crime : c’est ce que montre le film « No pain no gain » réalisé par Michael Bay en 2013. Le réalisateur de la saga « Transformers » mais aussi de « Rock » ou « Armageddon » s’intéresse ici à un fait divers qui fit sensation à Miami dans les années 90 : deux amis travaillant dans un club de sport eurent la mauvaise idée de vouloir dépouiller un homme d’affaire de tous ses biens. Dwayne Johnson et Mark Wahlberg campent ce duo de bras cassé qui, d’erreurs de jugement en violence gratuite, basculent dans le meurtre le plus sordide...

D’une rare délicatesse qui n’est que plus lumineuse grâce au contraste frappant avec le monde du body building Il y’a du merveilleux, de la poésie, comme du givre sur un amas de roches noires et brutes ...