IL MAESTRO DI VIGEVANO (VERSION RESTAURÉE)

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Cela fait 19 ans qu’Antonio Monbelli est professeur des écoles à Vigevano, « ville lombarde de la province de Pavie centre le plus important de la Lomellina ». La ville, reconnue pour vivre de l’industrie de la chaussure, compte 1000 usines. Et comme Monbelli le dit : « Chacun porte les chaussures qu’il peut, qu’il doit et qu’il mérite. » 

Mais être instituteur ne lui apporte pas la richesse. Sa femme, Ada, rêve d’une vie de confort que son mari ne peut pas lui offrir. Elle veut travailler mais Antonio lui refuse. Pourtant Ada trouve un poste dans une fabrique de chaussures. 

Produit par le mogul italien Dino de Laurentiis, le réalisateur Elio Pétri, plus connu pour L’Assassin et Les Jours comptés, réalise Il Maestro di Vigevano, un film inclassable, entre comédie et drame, mais dont l’écriture incisive et politique des personnages est un tour de force d’humanité, de ce qu’elle a de plus noble et de plus pathétique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FEMME DU BOULANGER (Là aussi, dans un petit village, un homme se retrouve perdu face aux désirs de sa femme.) ou encore HOMMES ET LOUPS (Elio Petri a écrit le scénario de ce film de Giuseppe De Santis.).

Il Maestro di Vigevano sort en 1963 après que L’Assassin fut unanimement salué par tous mais que Les Jours comptés ait fait déchanter son réalisateur. Le site DVDClassik rappelle : « Dino de Laurentiis lui propose alors une occasion de se relancer avec Les Monstres mais Petri renonce finalement à diriger le film, qu’il pense trop comique pour lui ». Le projet échoue alors à Dino Risi. En échange, Dino Risi propose à son confrère, fils d’une famille prolétaire, d’adapter le livre de Lucio Mastronardi, « L’Instituteur de Vigevano ». « Il Maestro di Vigevano constitue, avec Les Jours comptés et La Classe ouvrière va au paradis, une informelle trilogie du travail », nous explique DVDClassik.   

Le livre « L’Instituteur de Vigevano », sorti en 1962, forme avec « Le cordonnier de Vigevano », paru en 1959, et « Il meridionale di Vigevano », édité en 1964, de la trilogie Vigevano (les deux autres romans n’ont pas été adaptés). Lucio Mastronardi, l’auteur, est né dans cette ville (le 28 juin 1930) et il a longtemps écrit dans le journal local. Pour lui, la ville était le symbole du boom économique. Sa biographie stipule qu’à travers sa littérature, Vigevano est « le lieu où l'argent et l'intérêt personnel créent de nouveaux scénarios familiaux et sociaux. L'écrivain raconte avec un œil critique la transformation d'une réalité agricole en une ville industrielle et il s'ensuit son évolution de la période fasciste au monde contemporain. » Lucio Mastronardi est mort et enterré dans sa ville natale en 1979. 

À sa sortie en Italie, à l’époque, le film connaît un joli succès bien que, paraît-il, le réalisateur n’en serait pas totalement satisfait. Un critique écrira même : « Ce Maestro de Vigevano n'est qu'en partie un film de Petri. Le plus souvent c'est le film d'un acteur, de deux scénaristes noyés dans les abysses de la comédie italienne » Il faut dire que l’interprète principal, Alberto Sordi, est un ponte de la comédie italienne dans les années 50, même si dans les années 60, il révèle un véritable éclectisme qui lui permet de s’illustrer dans des films plus dramatiques. Star en son pays, dont la réputation rayonne dans le monde entier, catholique pratiquant et homme très discret, Alberto Sordi a tourné plus de 200 films en 80 ans de carrière et il en a même réalisé 19. En 2003, Ettore Scola lui dédie son long-métrage Gente de Rome.

Un des premiers films de Petri, et l'un de ses meilleurs, à une époque où il faisait déjà du cinéma politique mais où il faisait du cinéma avant de faire de la politique. Sordi est admirable dans ce rôle de petit instituteur qui décide par pur mercantilisme de se lancer ...

On peut considérer qu’Il Maestro di Vigevano appartient à une sorte de trilogie qu’Elio Petri a consacré au travail aux côtés de Les Jours comptés et de La Classe ouvrière va au paradis. Le film est assez curieux car il oscille entre le sérieux, la gravité, et la bouffonnerie ...

Un professeur d'une école maternelle se voit reprocher par sa femme de ne pas avoir assez d'argent ; elle va vouloir en gagner à son tour en travaillant dans une des usines à chaussures de Vigevano, ce qui va plonger cet homme dans un questionnement moral. Tourné en 1963, ...