L'ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON

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D’une certaine façon, Benjamin Button est une suite logique de Zodiac, le précédent long métrage de Fincher. Les deux films ont en commun d’examiner les effets du temps sur leurs personnages respectifs.

Mais alors que dans Zodiac, chacun résistait individuellement selon son degré de motivation, Benjamin Button suit le point de vue d’un personnage singulier sur qui le temps n’a qu’un seul effet : celui de couler à contre courant. Il naît vieux, à la fin de la première guerre mondiale, et à partir de là, il ne cesse de rajeunir. Autour de lui, les gens meurent, et il tombe amoureux de le femme de sa vie, mais il n’en profitera que très tard et trop peu.

Derrière ses faux airs de mélodrame romantique, cette fiction imaginée par Scott Fitzgerald pose en filigrane une série de questions proches de l’abstraction: peut-on aimer quelqu’un sans partager une mémoire commune ? Comment peut-on s’attacher lorsque tout le monde meurt autour de soi ? Rester jeune est-il si précieux ? David Fincher répond avec des images qui tiennent autant du blockbuster hollywoodien que du film expérimental.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE NOTEBOOK ou encore FORREST GUMP .

Ce n’est pas un hasard si dès sa sortie, Benjamin Button a suscité le rapprochement avec Forrest Gump. Les deux films ont été écrits par le même scénariste Eric Roth  qui a recyclé dans Benjamin Button un certain nombre de thèmes et de figures : le personnage est différent du reste du monde, il devient un grand voyageur, il traverse l’Histoire sans trop y participer,  il souffre d’un amour contrarié. Mais le film de Fincher présente un avantage majeur sur celui de Zemeckis, c’est d’avoir un héros dont le handicap n’est pas associé à  la déficience intellectuelle. Pour certains spectateurs, il est  difficile de s’identifier à un crétin.

Le principal défi concernant ce personnage qui rajeunit consistait à le représenter de façon crédible dans tous ses états. Le résultat est un triomphe technique qui a valu au film des oscars dans trois catégories : effets visuels, direction artistique et maquillage. Les effets sont indétectables autant que spectaculaires. Ils sont le résultat de l’utilisation souvent combinée de prothèses, de maquillage et d’images de synthèse. Pitt vieux est joué par plusieurs hommes de petite taille sur les visages desquels ont été rajoutés numériquement le visage ridé de l’acteur. De même son rajeunissement a été rendu grâce à l’image de synthèse.

Mais les meilleurs effets sont humains: ils sont produits par les acteurs eux-mêmes. La plupart sont excellents, à commencer par Brad Pitt. Il était un choix idéal pour incarner ce personnage doux et gentil qui a tôt fait de souffrir en silence et se résigne à une philosophie consistant à vivre au présent du mieux qu’il peut pour lui et pour son entourage. Pitt a reçu une nomination à l’oscar pour ce rôle.  Ses partenaires contribuent beaucoup à donner de la vie au film, notamment Cate Blanchett qui arrive à provoquer les larmes même lorsqu’elle est recouverte de maquillage. Fincher a une fois de plus utilisé une caméra numérique pour une image assez douce.  Apparemment, cette technique offre tellement d’avantages que ceux qui l’adoptent ne reviennent jamais en arrière.

Les avis sont très partagés sur l’intérêt de la vie de ce cher Benjamin, mais pour ma part il m’est impossible de nier qu’elle m’a touchée, émue, transportée dans un songe. Oui, ce film est tel un songe, extrêmement lyrique, un rêve raconté par Benjamin Button, ...

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