LA DERNIÈRE REINE

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L’existence de la reine Zaphira nourrit une véritable polémique. Cette femme qui aurait vécu au seizième siècle a-t-elle bien existé ou n’est-elle qu’un personnage légendaire ? Au-delà des querelles entre historiens et chroniqueurs, une chose est sûre : Zaphira est une figure importante dans l’imaginaire algérien.

Pour avoir tenu tête au fameux pirate Aroudj Barberousse, la reine représente une héroïne fascinante. Adila Bendimerad (qui l’incarne d’ailleurs à l’écran) et Damien Ounouri ont voulu faire connaître le destin exceptionnel de cette épouse d’un roi assassiné qui va défendre Alger en s’opposant à son père et ses frères.

En choisissant de consacrer un film à cette femme « dissonante, sensuelle et surtout pas consensuelle », les deux cinéastes entendent lui restituer tout sa place dans la mémoire collective. Comme le résume Damien Ounouri : « pour un premier film, c’est un choix peu commun mais il y avait plusieurs ingrédients pour quelque chose de totalement nouveau dans le cinéma algérien : de l’histoire, de la tragédie, du romanesque. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA REINE MARGOT (Une autre reine du XVIe siècle en pleine tourmente politique.) ou encore LES FRÈRES BARBEROUSSE (Les fameux pirates héros d'aventures purement hollywoodiennes).

Faire revivre Zaphira correspondait à une multiplicité d’envies et de besoins pour le tandem de cinéastes qui signe La Dernière reine. « J’avais envie de faire des fictions autour du féminin, déclare Damien Ounouri. On ne peut pas mieux parler d’une société ou d’un monde qu’en parlant et en partant des femmes. Elles donnent la vie. Elles éduquent. Elles sont le cœur de notre société qu’elles irriguent presque clandestinement ». Adila Bendimerad évoque aussi la dimension mémorielle. Il s’agissait de « faire apparaître enfin les images manquantes de notre passé. On ne peut pas continuer à avancer avec les trous noirs du passé sans avoir où s’adosser ».

Cette démarche de réappropriation du passé n’a pas été simple. Les traces historiques sont désormais fort rares et la fabrication des magnifiques costumes illustre en particulier cette difficulté. « On a aucun référent, aucun film, aucun stock de costumes : ça n’a jamais été fait. On partait vraiment de zéro », raconte Damien Ounouri. La rencontre de Leyla Belkaïd, anthropologue, enseignante et autrice du livre « Algéroises » les a grandement aidés. Adila Bendimerad et Jean-Marc Mireté, créateur de costumes franco-algérien,  ont mené un patient travail de recherche iconographique de plus d’un an. « On a créé un patrimoine de costumes pour le cinéma algérien. Si un jour d’autres cinéastes souhaitent faire un film situé à cette époque, ils ne partiront pas de rien ! », conclut le metteur en scène.

Amateur de films de sabre asiatiques comme des réalisations de John Woo, Damien Ounouri s’est nourri pendant son enfance de films d’action de Paul Verhoeven et garde intact son goût pour les aventures rythmées. Il avait à coeur d’offrir des scènes de combat puissantes. Plutôt que de tourner dans les environs d’Alger, il a préféré aller vers les massifs rocheux de l’ouest de l’Algérie. Comme il l’explique : « la force des rochers ajoute de la puissance à des guerriers paraissant issus de l’Antiquité ». Pour donner encore plus d’efficacité aux affrontements, il a aussi misé sur la brièveté, la fulgurance. Et si le sang est assez présent dans ces combats, c’est pour souligner le courage de l’héroïne à vouloir exister dans un monde d’hommes.

Par l’entremise d’Adila Bendimerad, à la fois actrice principale, coréalisatrice, coscénariste et coproductrice, et de Damien Ounouri, qui rejoint sa collaboratrice sur les postes de la réalisation, du scénario et de la production, nous parvient soudain d’outre-Méditerranée ...

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