LA FRACTURE

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Réalisatrice célébrée pour ses films comme La belle saison ou Un amour impossible, Catherine Corsini souhaitait avec La fracture se confronter à une actualité bouillante et bouillonnante et à trouver avec le monde de l’hôpital, le parfait endroit pour offrir un concentré chaud d’humanité et de politique. 

Au cours d'une nuit hivernale de 2018, Raf, au bord de la rupture avec Julie, se fracture le bras et se retrouve aux urgences d'un grand hôpital parisien. Dans le même temps, Yann arrive blessé d'une manifestation de Gilets jaunes. Trois individus différents aux prises avec une atmosphère pesante et troublée dans un service d'urgence en saturation. 

Et ça fait des étincelles. Malgré son sujet sérieux et peu propice à l’humour, Catherine Corsini permet à la comédie de trouver sa place notamment grâce à trois comédiens de talent : Pio Marmaï, Valérie Bruni-Tedeschi et Marina Foïs. Sans que l’émotion et la politique ne soient en reste notamment avec Aissatou Diallo Sagna, véritable infirmière et révélation de La fracture.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HIPPOCRATE DE THOMAS LILTI (Deux films qui tirent la sonnette d'alarme sur la situation de l'hôpital) ou encore LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE D'ETIENNE CHATILLEZ (Deux classes sociales se croisent autour de l'univers médical, forcément ça fait des étincelles).

Ce n’est pas tout-à-fait un hasard si Catherine Corsini s’est intéressée à l’hôpital. Non, au contraire, le réel est en grande partie responsable. C’est après avoir passé la nuit du 1er décembre 2018 aux Urgences de l’hôpital Lariboisière suite à une chute que la réalisatrice a eu l’idée de faire d’un hôpital la clé d’entrée du film, permettant de le faire résonner avec le climat social ambiant. Il faut dire que l’hôpital est le lieu idéal pour raconter cette histoire car c’est le carrefour de toutes les classes sociales, de tous les genres, de toutes opinions politiques, réunis pour un problème qui les dépasse et remet tout le monde au même niveau : la santé. 

Pour toujours plus entrer en résonance avec le réel, Catherine Corsini a poussé l’autofiction jusqu’à s’inspirer de son propre couple, qu’elle forme avec la productrice Elisabeth Perez, pour créer le tandem Julie et Raf. A cet égard, et au niveau de la réalisation également grâce à une caméra très mobile, La Fracture se place en permanence à la frontière entre la fiction et le documentaire. Une manière aussi pour la réalisatrice de bien reconnaitre sa place sociale. Etant elle-même cette bourgeoise que l’on retrouve dans les personnages de Raf et Julie, elle ne prend pas le risque de se placer à tort et mal dans la peau d’une infirmière ou d’un militant Gilet Jaune. Elle oblige ses personnages à se confronter et à se retrouver dans une position pas toujours avantageuse. 

Mais pour tenir l’équilibre fragile de son film, entre drame social et comédie à la limite du vaudeville, il fallait des acteurs et actrices forts, justes et auxquels il était facile de s’attacher. Catherine Corsini a donc fait appel à la volubile et théâtrale Valeria Bruni-Tedeschi, à la très clown blanc Marina Foïs et à l’énergique et survolté Pio Marmaï pour mener la danse. Une danse qui a tout d’un ping-pong habile et pertinent. Mais la véritable découverte de la réalisatrice, c’est encore Aïssatou Diallo Sagna, véritable infirmière à la ville, actrice pour la première fois, qui joue ici son propre rôle. Elle est la colle qui unifie cette histoire de conflits et de colère, cette force politique faussement tranquille et l’incarnation d’un hôpital aussi dévoué qu’à bout de souffle.

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