LE ROI DU MONDE

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Figure marquante du cinéma espagnol, le réalisateur Carlos Saura a notamment obtenu le Grand prix du jury à Cannes en 1976 pour Cria Cuervos interprété par Géraldine Chaplin. Son goût pour la musique et la danse s’est régulièrement illustré dans de nombreux films comme Noces de sang, Carmen ou Tango.

A près de quatre-vingt-dix ans, le cinéaste a choisi de tourner au Mexique, Le Roi du monde, où il relate la création d’un spectacle musical porté par de jeunes danseurs. Un metteur en scène et une chorégraphe, qui ont vécu en couple avant de se séparer, sont aux manettes de ce ballet contemporain accompagné par des musiques traditionnelles mexicaines.

Frontières entre la vie et l’art, jeux de miroirs entre la réalité et la fiction sont au coeur de ce long-métrage qui fait la part belle aux séquences dansées. Au générique, parmi les étoiles du ballet, figure notamment le Mexicain Isaac Hernández, qui mène une prestigieuse carrière internationale et a été premier danseur de l’English National Ballet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUE LE SPECTACLE COMMENCE (Quand la vie privée d'un chorégraphe interfère avec la création artistique.) ou encore CARMEN (Dans cette réalisation de Carlos Saura, une troupe de danse répète une adaptation de l'oeuvre de Mérimée.).

Carlos Saura est depuis longtemps fasciné par le Mexique et sa culture. « J'ai une relation fraternelle avec le Mexique , dit-il. Elle m'a été transmise par Luis Buñuel, qui aimait ce pays comme il aimait l’Espagne ». Saura a grandi au son de la musique mexicaine et en voyant les films de stars des studios de Mexico des années 40 et 50 telles que Jorge Negrete ou Cantinflas. En 1982, il a lui-même tourné un film en terre mexicaine : Antonieta, avec Isabelle Adjani et Hanna Schygulla. Le cinéaste connaît bien les formes traditionnelles de la musique du pays : corridos, rancheras, boleros… mais il a voulu avec Le Roi du monde éviter l’approche folklorique de ce patrimoine et en offrir une vision renouvelée, moderne.

Saura voit dans le cinéma musical un art total. « Dans une comédie musicale je me sens plus libre, moins corseté, déclare-t-il. J'aime improviser, garder l'esprit éveillé et profiter de la liberté de modifier ce qui est prévu. Faire un film est, pour moi, une nouvelle aventure dans un domaine à découvrir. » A la différence d’autres comédies musicales qu’il a signées, Le Roi du monde développe une intrigue et intègre des éléments dramatiques violents avec l’histoire du gang de mafieux. La chorégraphie reflète également cette violence : le ballet avec la troupe de squelettes représente pour lui l’un des moments les plus importants du film. Par certains aspects, cette oeuvre musicale lui paraît proche de quelques-unes de ses réalisations plus sombres comme Les Voyous ou Vivre vite qui mettaient en scène de jeunes délinquants.

Le danseur Isaac Hernandez, qui incarne Diego, a été enchanté de sa première expérience cinématographique. « J'ai aimé pouvoir jouer quelqu'un qui ne me ressemble pas du tout », explique-t-il en précisant qu’il n’a pas l’esprit de compétition comme son personnage. A la différence des répétitions en danse où on est constamment repris, corrigé, il a pu constater que, face à la caméra, les conditions sont moins rigoureuses et  il a été surpris d’entendre sur le plateau :  « Si on ne vous dit rien, tout va bien !»