MARIÉS ET CONFINÉS

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Surfant sur la vague du confinement, le scénariste Dennis Kelly a imaginé une fiction, mais en s’inspirant de sa propre expérience d’une réalité communément partagée. C’est pourquoi il ne sera pas difficile de s’identifier au couple joué par Sharon Horgan et James McAvoy, que le film suit à partir du premier jour de leur confinement dans leur appartement londonien avec leur fils de dix ans. 

L’épreuve durera plus d’une année, dont les étapes sont évoquées à intervalles réguliers, tandis que le metteur en scène a choisi d’accentuer l’esprit très théâtral du scénario en cadrant fréquemment ses acteurs face caméra lorsqu’ils énoncent leurs longs monologues. 

L’évolution des personnages est nécessairement dramatique, sachant qu’au départ, Elle et Lui sont au bord de la rupture. Au fil du temps, ils sont affectés par les nouvelles de l’extérieur, notamment celles de la mère d’Elle, confiée à un Ephad, ou par  leurs sentiments vis-à-vis de la gestion de la crise par les autorités. Le ton est à la comédie noire, et une bonne partie de la réussite du film tient à la conviction et à l’énergie de ses interprètes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MALCOLM AND MARY (Un couple se remet en question au cours d'une nuit de discussion tournée en huis clos.) ou encore LOCKED DOWN (Même contexte sanitaire qui oblige un couple à vivre ensemble pour une durée indéterminée alors qu'ils étaient sur le point de se séparer.).

Le confinement universel consécutif au Covid a obligé nombre de gens à réfléchir sur eux-mêmes, y compris les cinéastes qui n’ont pas manqué d’exprimer leurs impressions sous des formes multiples. Mariés et confinés est l’un des premiers longs métrages réalisés dans ce contexte, avec Host (Rob Savage) qui raconte une séance de spiritisme  au cours d’une réunion zoom, ou Locked down de Doug Liman, sans oublier Malcolm and Mary un huis clos de Sam Levinson. Autrement, le sujet a plus souvent inspiré des courts métrages à des cinéastes aussi variés que Paolo Sorrentino, Ladj Ly, Pablo Larrain, Maggie Gyllenhall ou Pedro Almodovar. 

Le scénariste Dennis Kelly s’est fait une solide réputation avec les séries écrites pour la télévision anglaise, notamment The third day avec Jude Law, et Pulling, une comédie de mœurs dont l’humour caustique devait beaucoup à son interprète principale Sharon Horgan qui joue « Elle » dans Mariés et confinés.  Compte tenu des circonstances  - deux personnages (trois en comptant l’enfant qui ne parle quasiment pas) filmés dans la même pièce et s’exprimant au cours de  longs monologues- la mise en scène de Mariés et confinés ne pouvait être que théâtrale.  Le cinéaste Stephen Daldry (Billy Elliott) a choisi d’amplifier cet aspect artificiel en filmant ses acteurs face caméra, brisant ce qu’on appelle « le quatrième mur ». Cette convention, qui s’applique aussi bien au théâtre qu’au cinéma, consiste à laisser une séparation invisible entre les acteurs et le public. On dit que ce mur est brisé lorsque les interprètes s’adressent aux spectateurs, ou, au cinéma, lorsqu’ils regardent la caméra. 

Un autre artifice consiste à tourner en plans-séquences. Habituellement, on coupe pour varier les axes ou pour relancer le  rythme, mais là encore, le cinéaste a choisi de conserver les prises longues, ce qui permet d’admirer au passage le travail des comédiens, notamment celui de Horgan lorsque dans son discours sur la progression exponentielle, elle mémorise une série de chiffres effarante, tandis que McAvoy semble admirer la performance en la chronométrant. Mariés et confinés a été tourné en 10 jours, et comporte 206 coupes. Un film d’une durée comparable en comporte en moyenne 1000.

Amusant. Les personnages sont assez chouettes, mais on notera une exploitation moins efficace au fil du film (ils perdent de leur superbe). Les dialogues sont plutôt bien écrits ; on appréciera autant les thématiques liées au Covid que celles sur le couple, on y trouve du ...