PARADISE CITY

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Paradise city est un événement : son casting marque la réunion de deux icônes du cinéma américain des années 80, Bruce Willis et John Travolta. Les deux stars n'avaient pas été au générique d'un même film depuis Pulp Fiction, le classique signé Quentin Tarantino. Toutefois, ils n'y avaient que deux furtives scènes en commun. Le thriller d'action de Chuck Russell est donc une première quand il leur fait enfin plus pleinement partager l'écran. 

Avec de telles têtes d'affiches, Paradise city avait tout d'un retour aux fondamentaux du cinéma d'action à l'ancienne. C'est bien le cas, dans son écriture nerveuse ou ses dialogues aux airs de concours de punchlines, guidées justement par un cinéaste vétéran ayant œuvré dans la série B de luxe dans ces mêmes années 80-90 (du Blob à Freddy 3, les griffes du cauchemar). 

Pour autant, Paradise city s'évertue à bousculer les codes, notamment dans des personnages (Willis, en chasseur de prime, Travolta en homme d'affaires) aux traits de caractères inattendus ou le décor naturel, peu utilisé au cinéma, de Maui. Sans oublier d'étonnants twists de scénario. Malheureusement, Willis y trouve ici son ultime rôle, contraint à la retraite par une incurable maladie dégénérative. Cet adieu à l'écran, est d'autant plus attristant, quand il laissait envisager un prometteur rebond de carrière, entre retour à un (bon) esprit old school et nouvelle densité psychologique. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VOLTE-FACE (Un autre film d'action mettant en avant deux stars de haut niveau (John Travolta et Nicolas Cage).) ou encore BLOOD FATHER (Une autre série B à star musclée (Mel Gibson) autour d'un rapport père/enfant).

Bruce Willis et John Travolta sont amis de longue date, ont connu une trajectoire commune, entre célébrité mondiale acquise en un seul film (Piège de cristal pour Willis, La fièvre du samedi soir pour Travolta), traversée du désert avant retour en grâce, mais surtout une étonnante particularité. Si les films qui les ont réunis à l'écran (Allo maman, ici bébé, sa suite, Allô maman, c'est encore moi et Pulp Fiction) ont été parmi les plus gros succès de leurs carrières, ils n'ont fait que s'y croiser, voire dans le cas des Allô Maman... n'y partager aucune scène, Willis ne faisant qu'y doubler la voix d'un fœtus puis d'un bambin. 

Chuck Russell restera donc le réalisateur qui aura le plus filmé les deux acteurs dans un même cadre. Un cas d'autant plus unique que Russell a surtout contribué jusque-là à filmer les débuts ou presque de futures stars. Nombreuses sont celles (Dwayne Johnson avec Le roi scorpion, Cameron Diaz et Jim Carrey avec The mask) dont la carrière a pleinement démarré avec lui. L'opportunité de travailler avec Willis et Travolta sur Paradise city est à l'initiative du producteur et scénariste Corey Large, mais a avant tout été l'occasion pour Russell de se renouveler. Une fois ce casting établi, il a tenu à insuffler à ce projet, le principe de redéfinir la figure du héros de cinéma d'action, que ce soit en jouant sur l'âge et le bagage des deux acteurs ou sur certains archétypes. Paradise city inclura ainsi une relation conflictuelle entre les personnages de Swan (Willis) et son fils, voire en fera une figure quasi fantomatique inhabituelle dans un thriller. De même l'idée de filmer Maui sous un aspect plus naturaliste que celui paradisiaque donné d'habitude à cette île hawaïenne au cinéma, où celle de placer à ses deux acteurs principaux, de jeunes acteurs, comme Blake Jenner, issu de séries comme Glee ou de comédies romantiques, soit très loin des canons du cinéma d'action. 

Paradise city, restera cependant comme un cas de figure unique : à l'époque du tournage, Willis n'avait pas encore été déclaré atteint de démence fronto-temporale, qui l'a depuis obligé à abandonner les écrans. Russell envisageait déjà d'autres films avec lui et Travolta, qui les auraient peut-être totalement remodelés (ici, Willis a des airs résignés d'homme désabusé, à la Hemingway). Ils ne verront donc jamais le jour.