LE COLIBRI

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Adapté du roman éponyme à succès en Italie de Sandro Veronesi, Le Colibri de Francesca Archibugi réunit un casting royal dans un film familial, composé entre autres de Pierfrancesco Favino, Bérénice Bejo ou encore Nanni Moretti. Habituée des intrigues parentales, la cinéaste qui a notamment réalisé un remake italien du film français “Le Prénom” propose une fresque à la temporalité complexe, teintée de réalisme magique.  

Si le film suit de près la trajectoire de Marco Carrera, dont le surnom en constitue le titre, c’est tout le mystère incarné par les femmes aux yeux des hommes qui se déploie dans “Le Colibri”, entre une soeur dépressive à l’intuition extraordinaire proche de l’omniscience et entre autres une petite fille qui fantasme une corde sortant de son corps, idée dont le film ne se débarrassera jamais totalement. Cette étrangeté concomitante au livre se retrouve avec une mise en scène qui perd volontairement le spectateur dans ses aller-retour temporels, comme pour mieux insister sur les connexions des évènements d’une vie dans son entièreté. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TWO LOVERS (Two Lovers relate l'histoire d'un homme qui hésite entre deux femmes, entre raison et passion.) ou encore UN VRAI CRIME D'AMOUR (Un vrai crime d'amour de Luigi Comencini, une autre histoire d'amour avec ses impasses et ses obstacles qui se déroule dans l'Italie des années 70.).

Jeu de piste fictif, Le Colibri navigue entre passé et présent pour nous faire croire à l’histoire classique d’un homme qui hésite entre deux femmes, entre amour et raison, mais se révèle être un récit plus complexe sur une vie écorchée par le drame. Entre le décès précoce de sa soeur, la folie de sa compagne et l’accident mortel de sa fille, Marco Carrera (Pierfrancesco Favino) est à la fois marqué et formé par la disparition des femmes qui peuplent son quotidien. Nostalgique et amère, sa fin de parcours ressemble à un rendez-vous manqué avec sa destinée : amour non vécu, héritiers absents, seuls quelques amis demeurent, pour un individu à la fois courageux et lâche que l’aisance financière n’aura pas pu préserver.  

Deus ex-machina du film, le psychiatre incarné par Nanni Moretti (Daniele Carradori) est annonciateur de cette fin difficile : prédisant à Marco Carrera un “grave danger” en lien avec sa femme, il est le seul à faire preuve de franchise. Malgré un couple qui n’a plus de sens, le personnage principal, le “colibri”, reste accroché à sa nostalgie d’adolescent en freinant sa vie d’adulte. C’est dans l’éducation de sa fille, puis de sa petite fille que Marco Carrera devient un être humain plein et entier : de l’aide à l’accouchement dans l’eau dans une scène remarquable rarement vue au cinéma au biberonnage d’un bébé, Le Colibri permet à Pierfrancesco Favino d’incarner un père puis un grand-père féministe.  

Difficile de retenir ses larmes devant ce drame, certes très classique, mais qui, grâce à la prestation magistrale de Pierfranceso Favino et à sa narration non chronologique, nous emporte à travers cette existence pleine de sacrifices et de pertes tragiques. ...

A quoi tient une vie humaine? Embrasser avec émotion et lucidité les changements et l’immobilité perpétuels. Avec le même appétit et la même magnanimité faire face aux échecs, tenir les attentes et jouir d’une joie vaste et fêlée. Le Colibri (surnom du personnage ...

Dans certaines anciennes cultures, le colibri signifie la mort pendant les nuits froides de l'hiver et la résurrection à la vie à l'aube du printemps. Ce film de la grande réalisatrice italienne Francesca Archibugi semble transmettre un message similaire, aussi profond, ...